Bilan : mitigé
Samedi j’ai eu de nouveau une leçon de deux heures qui s’est pas vraiment bien passée.

J’étais très stressée, attaque de panique sur attaque de panique. Au bout d’un moment, j’ai plus pu gérer. Le prof s’en est aperçu : je faisais beaucoup d’erreurs, j’arrivais plus à conduire, j’étais pétrifiée par la peur.
Et puis j’étais en colère après moi, de faire encore tellement de conneries après le nombre d’heures que j’ai pris.

Le moniteur m’a proposé de faire une pause, moi j’avais qu’une envie c’était rentrer à l’auto-école, tout abandonner, tout laisser tomber. L’angoisse était trop intense, c’était le gros ras le bol.

On s’est arrêté sur le parking, de la ou on part quand on passe l’examen.
J’avais du mal à me calmer les nerfs. J’avais envie de chialer.
Je lui ai expliqué que j’étais très angoissée, que j’arrivais pas à contrôler mon stress, que j’avais peur de faire un accident, et que j’étais énervée de faire tellement de conneries.

Je lui ai dit aussi que même en tant que passager j’avais peur.
Il m’a dit de pas penser à l’accident, au lieu d’anticiper le pire, et penser à l’accident chercher à mieux comprendre mon environnement, être plus prudente, plus vigilante.
Il faut que la vigilance je l’oriente sur la route, sur la voiture et sur la circulation et pas sur mon ventre et sur mes émotions. Sinon je suis débordée par les émotions et je perds les pédales. Littéralement, c'est-à-dire que je sais plus ou est la pédale de frein, la pédale d’embrayage etc….
Je lui ai pas parlé de l’agoraphobie, mais j’ai vraiment parlé de peur, de stress.
Et je lui ai dit aussi que j’étais énervée après moi, que j’en pouvais plus de toutes ces années, toutes ces leçons…Je lui ai dit que je me sentais complètement nulle, et là il a dit les mots magiques ;
Attends t’es pas plus nulle que les autres, faut arrêtez, les deux fois ou je t’ai présenté au permis, t’étais arrivée à un très bon niveau, t’étais vraiment toute proche du permis ;
Ca m’a fait du bien d’entendre ça.
Parce que j’ai toujours eu tendance à me dévaloriser, à croire que j’étais pas capable de conduire, d’avoir le permis, que le monde de la circulation, c’était un univers qui m’était refusé, car j’étais trop terrifiée, maladroite, dans la lune, immature… c’est des trucs que mon frère et ma mère m’ont asséné toute ma vie, a force on a une image déformée de soi et de ce qu’on est capable de faire. Ils passent leur temps à se foutre de ma gueule, et de mon père aussi, parce qu’on n’est pas des manuels et qu’on est un peu trop idéalistes.
Bon ça m’a fait du bien de parler avec le moniteur, on est reparti.

Tout d’un coup, j’étais plus calme, je conduisais super bien, j’avais la conduite que je voulais, une conduite fluide et ferme.
C’est ça le pire, c’est que je sais ce qu’il faut faire et je sais le faire, mais le stress, l’angoisse ça me fait faire des erreurs complètement débiles. C’est tellement frustrant, y’a de quoi se mettre des baffes !!

Tandis que je conduisais, j’ai dit au prof, je comprends pourquoi j’ai tellement de mal, pourquoi c’est si dur, à l’école à la fac, j’ai jamais stressé comme ça pour un exam, juste la petite montée d’adrénaline en attendant les sujets, celle qui donne la trouille pour se concentrer , le stress de performance qui permet de donner le meilleur de soi.
C’est vrai que j’ai pris plaisir à faire mes études, et avec la conduite il n’y a pas la notion de plaisir.
Autre chose, le moniteur m’a dit que c’était une question de maitrise du sujet : j’étais plus sure de moi, et donc je réussissais mieux à la fac, car je maitrisais mon sujet, mais sur la route, il faut accepter une part d’imprévisible, d’inconnu, et ça c’est super flippant.
Il faut accepter qu’il y aura toujours un connard pour faire une queue de poisson, pour piler au milieu de la chaussée, se garer en double file sans prévenir, un gamin qui surgit entre deux bagnoles pour récupérer un ballon, une petite vieille qui traverse au feu vert….

Mais normalement en gérant bien son véhicule, en maitrisant ses émotions, en anticipant bien, on peut arriver à éviter le pire.
C’est le plus dur, finalement, accepter qu’on peut pas tout maitriser, mais qu’en étant concentré sur son environnement, on peut se sentir plus serein et donc plus apte à gérer les imprévus.
Le problème c’est l’imprévu qui viendrait de mon ventre, c’est ça que je crains le plus.
