beurkinette a écrit :Salut Raphael
comment tu geres les sorties avec ton club d'escalade? Et le treck marocain, tu as gere ca comment? (moins au niveau sportif qu'au niveau laxo).
Salut Beurkinette !
Depuis que je prends du Rivotril (un anti-epileptique), mes douleurs et mon transit se sont beaucoup améliorés.
L'escalade ça fait 3 ans que j'ai repris et ça se passe plutôt bien.
En fait, avant, à chaque sortie en WE, comme on partait tôt, j'avais les intestins en vrac le matin et il n'était pas rare que je demande de m'arrêter sur la route (souvent 1h de trajet) pour trouver des toilettes. Mais les gens du club sont de très bon amis maintenant, ils se sont étonnés au bout 3 fois : Je leur ai dit que j'avais une maladie chronique des intestins, qui me faisait beaucoup souffrir : Ils ont compris et sont très prévenant et ne s'étonnent plus de me voir m'éclipser de temps en temps.
Avant de prendre mon traitement, il arrivait quand même que j'annule le matin même (genre 1 fois sur 3) : Au début ça les saoulait et ils prenaient ça pour la flemme de me lever tôt, mais quand je leur ai expliqué ce que j'avais ils ont été très compréhensifs.
Et puis on a déjà bivouaqué plusieurs fois ensemble. Et mine de rien, quand tu passes une journée entière dans la nature, t'es pas le seul à avoir des besoins ... Il n'est pas rare que l'un d'entre nous demande au groupe "Personne n'aurait des mouchoirs par hasard, mais genre beaucoup". Donc voilà, on dédramatise forcément.
L'année dernière j'ai fait un voyage au USA avec des amis, dont 3 de ces grimpeurs. C'était super mais j'ai vraiment souffert au niveau bide, à cause du régime américain. Je souffrais beaucoup, et j'ai eu 2 ou 3 épisodes de gros stress ou j'ai du trouver des WC rapidement (genre en plein Manhattan!). La encore, ceux qui savaient ont été super cools. Les autres ont commencé à vouloir me charier là dessus : J'ai coupé court en leur expliquant ce que j'avais et que c'était déjà suffisamment pénible comme ça : Ils ont compris et n'ont pas recommencé.
J'ai annoncé à certains que ça allait beaucoup mieux depuis quelques temps et ils étaient soulagés pour moi. On m'a dit des trucs comme "Aux USA, des fois, je voyais bien que tu tentais de déconner avec nous mais que souffrais en silence. Ca me faisait mal pour toi. Je me demandais vraiment comment tu faisais pour gérer. J'aurais pas pu. Je suis vraiment content pour toi que ça aille mieux". Ca fait plaisir !
Pour le Maroc, je suis parti avec 4 amis dont 3 de ce groupe. J'avais un peu peur de choper la tourista. Mon médecin m'a prescrit une trousse de médocs au cas où (Smecta / Spasfon / Loperamide / etc). Finalement, j'ai pas vraiment eu de tourista en tant que tel. Mais chause matin, j'étais réveillé par un mal au bide et je devais sortir de la tente (Il faisait super froid le matin, pas facile de se forcer à sortir) pour soulager 2 / 3 fois. Sans doute le changement de régime, ou les 7 thé à la menthe par jour !
Le reste de la journée ça allait plutôt bien. Et pour le coup : pareil, tout le monde se demande mutuellement des nouvelles de son transit le matin : Parce que faire une étape de trek avec la tourista, c'est pas agréable.
Bon au final, j'ai eu une "tourista du retour" le semaine dernière: C'est la flore intestinale qui se réhabitue aux bactéries françaises ! J'ai séché le boulot pour ça une journée et depuis, j'ai un transit en vrac de nouveau. Je pense faire une cure d'Ultra levure pour remettre ça en place.
Bref, tout ça pour dire que je gère mon problème en en parlant autour de moi aux personnes en qui j'ai confiance, ou que je sens à l'écoute : Je fais beaucoup de trucs, mais je ne m'impose pas l'impossible : Quand ça va trop mal un matin, je ne me force pas à faire la sortie tout en sachant que je vais douiller toute la journée.
J'ai fait une thérapie comportementale aussi, qui n'a pas du tout aidé sur mon transit ou mes symptomes, mais qui m'a permis de mieux m'écouter et de savoir faire la part entre la vraie colopatie (symptomes réels, vraie diarhée, etc) et laxophobie (symptomes générés par le stress de la sortie, anticipatoire). Ca me permet de ne plus renter dans un engrenage où la douleur engendre une peur inconsidérée de l'accident et entretien des symptomes.
Désormais, quand j'annule une sortie, je sais que c'est parce que objectivement, ça me ferait plus de mal que d bien. Je sais que je ne l'ai pas fait par peur et du coup je ne me dénigre pas (genre: pourquoi j'ai annulé ? je suis nul! j'aurais pu y aller, je suis trop faible de caractère). Ca change pas mal de choses ...